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The Shining
1980


 

Je n'ai jamais fait de très gros succès avec un film. J'ai acquis une réputation petit à petit. On pourrait dire, j'imagine, que je suis un réalisateur heureux. dans la mesure où l'on parle souvent de moi en termes flatteurs. Mais aucun de mes films n'a jamais reçu d'accueil enthousiaste unanime, et aucun n'a jamais été une affaire du tonnerre.
Stanley Kubrick

(Dans John Hofsess, "Kubrick : Critics Be Damned", Soho News, 28 mai 1980.)

L'histoire :

Un écrivain Jack (Jack Nicholson) veut s'isoler pour écrire, il a donc trouvé un emploi comme gardien d'un hôtel isolé dans les montagnes américaines et qui, l'hiver est inoccupé. Jack accompagné de sa femme Wendy et de leur fils âgé de cinq ans, Danny, partent donc occuper l'hôtel, l'Overlook. Mais l'hôtel, construit sur un ancien cimetière indien, perturbe le comportement de Jack. De plus, Danny, enfant qui a d'étranges pouvoirs, éprouve des impressions inhabituelles au contact de l'hôtel. Le cuisinier de l'hôtel, qui a les mêmes pouvoirs surnaturels que Danny, confie au petit garçon, avant son départ, que ce pouvoir, le Shining, il le détient lui aussi! Il le met en garde de ne jamais aller dans la chambre numéro 237 ! Cette famille américaine typique est maintenant seule dans cet immense bâtiment, isolée pour la durée de l'hiver ! Jack de plus en plus perturbé a une attitude paranoïaque et sombre dans l'alcoolisme. Le soir il a des visions et rencontre le fantôme de l'ancien gardien qui a jadis sauvagement assassiné toute sa famille à la hache!!! Jack " perd de plus en plus les pédales " et devient violent avec sa femme. Danny a lui aussi une vision: il a vu les soeurs jumelles, filles de l'ancien gardien, et se sent étrangement attiré par la chambre 237, malgré l'avertissement du cuisinier ! Un jour Danny rejoint sa mère. Il porte des marques de coups. Elle accuse tout de suite Jack qui a un caractère très violent, et avait malencontreusement cassé le bras de Danny quelque temps auparavant. Jack un soir pénètre dans la chambre 237 et y découvre d'étranges choses : des corps, une vieille femme nue,... Il sort de la chambre une hache à la main et se dirige vers son épouse qu'il tente d'assassiner! Elle prend Danny sous sa protection et s'enfuit. Mais Jack les poursuit et les rattrape. Danny se réfugie dans le labyrinthe de végétation à proximité de l'hôtel. Jack le poursuit en criant "par ici Danny" mais il ne parvient pas à rattraper son fils, et finit par mourir de froid dans la neige...

Verdict :

C'est étrange les similitudes. Admettons un instant que Jack Torrance, le personnage central du film, c'est en fait stanley Kubrick, qui écrivait tout la journée la même phrase jusqu'à obtenir la phrase parfaite. Partant de ce principe on s'apercevrait vite que l'Overlook Hotel (lieu ou se déroule le film) ressemble certainement, dans son immensité, à la demeure du cinéaste ; on comprendrait pourquoi il met si longtemps à fabriquer le "film parfait". Le tic-tac de sa machine à écrire doit correspondre au "ne pas déranger" des chambres d'hotel et lorsque, en panne d'inspiration, il erre dans son Overlook à lui, il peut très bien lancer des balles sur des meubles que personne d'autre ne frôle, se pencher sur son labyrinthe mental dans lequel les gens sont des pions, si petits qu'ils ne peuvent entraver la bonne marche du mécanisme Kubrickien. Il peut, de temps à autre, avoir besoin d'un ou deux fantômes, histoire de ne pas trinquer seul, ou pour se souvenir que la vraie solitude n'existe pas. Il peut aussi oublier son porte-monnaie et se faire offrir à boire par son double éthéré ; il peut faire tous les pactes, se réincarner en n'importe qui, avoir toujours été le gardien dans sa maison ; pas forcément fou, ni totalement sain mais qu'importe : il est le seul à le savoir et son inspiration en dépend. Son héros, c'est jack, déjà fou au départ, sorti des méandres imaginatifs de stephen King. En partant du principe que l'artiste, pour créer, a besoin de détruire son entourage, parce qu'il se sent incompris du reste du monde, Kubrick cherche un interprète qui en fera trop mais jamais assez ; Jack Nicholson jouera Stanley Kubrick : son expression naturellement ravagée représente l'idéal du rôle ; Il est fou, certes, mais vous n'avez rien vu. Kubrick ajoute le décor et place sur l'écran un plan d'ascenseur en sang, une partouze entre ours et lapins, une discussion autour de la chambre 237, un écho sur les paroles d'Hallorann, deux soeurs jumelles ressuscitées après avoir été découpées à la hache, une armée de fantomes inquiétants, une ballade en petite voiture filmée au ras du sol ainsi que des partitions de Bartok et Ligeti. Mais son intérêt principal demeure Jack, perdu dans son propre labyrinthe, si fou qu'il ne trouve plus la porte de sortie de ses rêves, égaré qu'il est par ses propres incarnations. Ce jack là le passionne, lui permet de pratiquer son auto-analyse et de mesurer son intelligence.


Réalisateur : Stanley Kubrick
Producteur : Stanley Kubrick
Scénario : Stanley Kubrick et Diane Johnson d'après le roman de Stephen King.
Producteur exécutif : Jan Harlan.
Interprétation : Jack Nicholson (Jack Torrance), Shelley Duvall (Wendy Torrance), Danny Loyd (Danny), Scatman Crothers (Halloran), Barry Nelson (Ullman), Philip Stone (Grady), Joe Turkel (Lloyd).
Musique : Musique de Bela Bartok, musique pour cordes, percussion and célesta. Musique de Krzysztof Penderecki. Wendy Carlos & Rachel Elkind. György Ligeti.
Durée : 145 minutes (coupée par Kubrick à 120 minutes pour la distribution internationale). Sortie le 23 mai 1980.