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1962


 

J'ai une certaine faiblesse pour les criminels et les artistes ; ni les uns ni les autres ne prennent la vie comme elle est. Toute histoire tragique doit être en conflit avec les choses comme elles sont.
Stanley Kubrick

(The New York Times, le 12 octobre 1958.)

L'histoire :

Humbert Humbert pénètre dans la demeure de l'écrivain de télévision Claire Quilty et le tue. Il se souvient alors de ses quatre dernières années. Professeur de littérature française il loue une chambre pour l'été dans la New Hampshire chez une veuve snob, Charlotte Haze, dont la fille Lolita l'attire irrésistiblement. Il épouse la mère pour se rapprocher de la fille mais, lorsque Charlotte apprend la vérité, en lisant son journal intime, elle se jette sous une voiture. Humbert va chercher Lolita dans un camp de vacances où l'avait envoyée sa mère et la conduit dans l'Ohio où il doit enseigner et où il l'inscrit dans une école privée. Il découvre qu'elle profite de ses activités dans la troupe dramatique pour rencontrer un autre homme. Il l'emmène dans un voyage en voiture à travers la pays tout en se sentant suivi par un inconnu. Tous deux tombent malades et une nuit Lolita disparaît de l'hôpital. Quelques années plus tard, Humbert reçoit une lettre de Lolita. Elle est enceinte et mariée à un jeune travailleur manuel. Il lui rend visite et elle lui avoue qu'elle a toujours fréquenté Quilty, même avant leur rencontre : c'est lui qui les a suivis et qui s persécuté Humbert. Elle refuse de partir avec Humbert, il lui donne de l'argent et va tuer Quilty. Un épilogue nous informe que Humbert est mort d'une crise cardiaque en prison.

Verdict :

Adaptation fidèle du roman de Nabokov, Lolita est un film d'une surprenante efficacité. Doux au premier abord, le film devient vite machiavélique et le spectateur se laisse facilement ensorceler par la belle Sue Lyon (lolita). Le déroulement du film, l'histoire dans laquelle évolue Humbert (James Mason) est proche du sadisme. Le role, voulu par Nabokof, est amplifié à l'écran dans son caractère tragique ; le personnage passe d'un calme évident à des attitudes névralgiques intenses ; on peut faire un parallèle avec l'analyse faite par Michel Serres dans le film d'Alain Resnais "mon oncle d'amérique", où l'homme, quel qu'il soit, s'il se retrouve enfermé dans une situation dont il connait l'issue, se fige dans un état d'inhibition, emprisonné dans sa névrose. On a, il est vrai, la sensation dans l'attitude désespérée, presque fataliste d'Humbert, que le personnage joué par James Mason connait déjà sa fin. James Mason, dans Lolita, trouve un de ces plus beaux roles et il faut voir avec quel talent d'interprétation il peut passer d'un sourire franc à une profonde détresse presque instantanément. La force de Kubrick est d'avoir sû porter à l'écran l'histoire tragique du roman de Nabokof, fidèlement, en faisant incarner à l'écran aux comédiens l'exactitude des sentiments qu'avait voulu exprimer l'auteur avec talent et verbe dans son roman. La profonde détresse du role de la mère (shelley Winters) est en opposition avec le role sadique interprété magistralement par peter Sellers. SK a sû faire passer à l'image des sensations que le roman même de Nabokof, tout en les contenant, laissait muettes.


Réalisateur : Stanley Kubrick .

Producteur : James B.Harris et Stanley Kubrick.

Scénario : Vladimir Nabokov d'après son roman.

Interprétation : James Mason (Humbert), Shelley Winter (charlotte Haze), Sue Lyon (lolita), Peter Sellers (clare Quiltly).

Musique : Musique composée et dirigée par Nelson Riddle.Thème musical "Lolita" par Bob Harris, orchestrations par Gil Grau.

Durée : 153 minutes. Sortie le 13 juin 1962.