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EYES WIDE SHUT
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Synopsis : Le médecin New-Yorkais Bill Harford et sa femme Alice doivent se rendre à une soirée. Ils quittent leur appartement de Central Park West pour la demeure de leur riche ami Victor Ziegler. Là-bas, les mondanités commencent : Bill rencontre un ancien ami d'école de médecine reconverti en pianiste, Nick Nightingale. Puis, Alice se fait accoster par un play-boy Hongrois tandis que son mari se fait entraîner par deux sublimes créatures.. Les deux époux ont tout les deux la possibilité d'un adultère facile. Puis, Bill se fait appeler au premier étage, à la demande de Ziegler, qui se trouve lui-même là haut. Il doit réanimer une jeune femme nue, dont la présence semble ne pas être légitime. Ziegler demande à Bill son silence. Le lendemain soir, après une journée banale, les deux époux fument un joint. La discussion porte vite sur les rencontres accomplies de part et d'autres la veille. Bill se montre sûre de sa femme, concernant sa fidélité. Cette remarque énerve Alice qui lui révèle, que lors d'un séjour en vacances, elle avait intensément fantasmé sur un officier de marine, pour qui, selon elle, elle aurait tout quitté. Le téléphone sonne. Bill doit se rendre au domicile d'un de ces malades qui vient juste de mourir. Là-bas, il est confronté à une attitude étrange, celle de la fille du décédé, Marion, qui lui avoue son amour. Mais, il repousse sa proposition pour errer dans Greenwich Village. Il se fait accoster par une prostituée, Domino, se rend chez elle, mais finalement refuse de passer à l'acte. Puis, Bill entre au café Sonata, où son ami Nick Nightingale joue. Ce dernier affirme jouer autre part ce soir-là, un endroit dont il ne connaît pas encore l'adresse. Bill l'interroge et il révèle jouer les yeux bandés pour des notables masqués qui s'offrent des orgies. Cependant, pour se rendre à cette soirée qui l'intrigue fort, Bill a besoin du mot de passe "Fidelio" que Nick consent à lui révéler mais aussi d'un costume. Il se procure un masque et une cape chez Milich, propriétaire d'une boutique de déguisements. Là-bas, une scène étrange se produit avec la fille de Milich qui était enfermée avec deux japonais nus dans une pièce. Ensuite, Bill se rend au lieu du rendez-vous. Le mot de passe lui permet bien d'accéder à l'intérieur de la vaste demeure où, masqué, il contemple de superbes femmes nues dont les visages sont eux aussi cachés. Mais l'une d'entre elle le met en garde et lui conjure de partir. Une sorte de cérémonie rituelle a lieu. Puis, Bill est démasqué , au sens propre comme au sens figuré. Alors qu'il est menacé, une femme intervient théâtralement pour se sacrifier à sa place. 1Rentré chez lui, Bill réveille sa femme en plein cauchemar : Elle avait rêvé avoir vécu d'intenses expériences sexuelles avec l'officier de marine. Bill part ensuite à la recherche de tous les gens qu'il avait rencontrés la nuit dernière. Nick Nightingale est introuvable et semble avoir été maltraité, comme le lui indique le réceptionniste de l'hôtel. Bill va rapporter son costume, dont il manque le masque, à Milich et découvre que celui-ci prostitue sa fille. Il se rend ensuite à la propriété où se tenait la soirée, se tient debout devant la grille d'entrée. Une voiture s'approche, un homme sort et lui tend une lettre de mise en garde, lui invitant à se tenir à l'écart. Puis, il téléphone à Marion et tombe sur son mari. Il se rend au domicile de Domino, mais c'est son amie qui lui ouvre et lui avoue qu'elle est séropositive. Suivi dans la rue par un homme étrange, il entre dans un café et lit dans un journal un fait divers concernant un mannequin tué. Il se rend à la morgue et croit reconnaître la femme qui l'a sauvé lors de la soirée. Un coup de téléphone l'informe que Ziegler désire le voir. Il se rend à la demeure de son ami et la conversation arrive rapidement sur la soirée. Ziegler lui avoue qu'il était présent ce soir-là, lui affirme que l'homme qui le suivait était sous ses ordres et également que Nightingale a été en quelque sorte "puni" pour son indiscrétion. Il lui affirme également que le sacrifice de la femme n'était qu'un simulacre. Cette femme, qui était aussi celle que Bill avait soigné pour la soirée de Ziegler, est morte d'une overdose. De retour chez lui, il retrouve sa femme endormie avec, à côté d'elle le masque qu'il avait porté la nuit dernière et qu'il avait perdu. Puis, effondré, il raconte tout à sa femme. Alors que Bill et sa femme font leurs achats de Noël, Alice affirme sa confiance dans l'avenir de leur couple. Verdict : Au crépuscule de sa vie, Kubrick avait excellé dans tous les genres cinématographiques. Phénomène récurant dans tous ses films, le mensonge humain avait été traité sous tous les angles. Il lui restait à travailler sur le couple où s'affrontent souvent deux ambitions communes et ambigues. La communication sur ce film était elle même un grand pied de nez de Kubrick à cette philosophie montante du "cinéma sex", un genre très répandu, où le sex n'est traité qu'en complément d'un scenario de base, pour appater le spectateur. Profitant de ce star-system qui médiatise tout de la vie privée des stars, Kubrick engage deux des plus célébres étoiles d'hollywood, un couple de surcroit : Nicole Kidman et Tom Cruise. La mise en scène de ce couple, à l'écran, mais aussi dans la promotion, fait de ce film un chef-d'oeuvre réel et contemporain. Kubrick met là en scène, plus qu'un simple film, un élément concrèt de l'industrie cinématographique : Le film n'est pas présent dans la promotion ; cachant tout du scénario, Kubrick oblige indirectement les médias à se repporter sur le couple Kidman/Cruise, sur qui sera faite toute la promotion. Le génie de Kubrick repousse les limites du compréhansible, il met en scène ce couple à l'écran, mais aussi à la vie. Kidman et Cruise sortiront d'ailleurs très "marqués" par l'interminable tournage, par le huit-clos imposé par Kubrick sur le tournage ; baigné de mystère, réalisé dans la brûme anglaise, temporisé par les longue pauses de réflexion de Kubrick, ce tournage sera, certainement, pour le couple Kidman/Cruise, l'unique du genre. Il sortira de ce film un grand floue à l'image comme dans le scénario. La beauté des images est un délire visuel, les volontaires imprécisions, Kubrick film la vie dans ses absences. L'oeuvre de Kubrick ne peut être jugée sur un seul de ses composants ; souvent trop vite apréciés, chacun de ses films aura été l'objet d'incompréhensions, soumis au mépris parfois, au rejet le plus total. Eyes wide Shut était sans doute un projet ancien, longtemps ruminé dans l'esprit du réalisateur ; s'il était précis et réfléchis dans l'esprit de Kubrick, il n'en était pas moins complexe pour lui de mettre en scène ce qui sûrement allait être le plus personnel de ses films. Les courtes réminicences qui maintiennent ce film dans la lignée du maître - la scène de la partouze, magistralement filmée et mise en musique ; la violence intériorisée du passage "pédophile" chez le costumier - ne sauront jamais faire oublier à quel point ce film est un véritable accouchement dans la douleur. On peut comparer certainement le froid qu'instaure le passage pédophile avec la transition suicide/prostitution dans Full metal jacket ; on peut tout comparer, et comme toujours chez kubrick, rien n'est comparable, si ce n'est l'intensité du propos. Il m'apparaît évident que le véritable couple du film, dans l'euphorique volonté du réalisateur, est celui formé par Cruise et la prostitué ; la rencontre, la facilité de la situation, le baisé charnel qui précède le coup de fil de kidman, tout prête à croire que c'est de ce couple là qu'il s'agit en fait. Le long différent qui oppose le couple kidman/cruise au début du film, n'est-il pas justement ce que kubrick considère être la fin? La gamine paumée qui sourit dans le dos de Cruise, le "baisé de la putain" qui semble être celui d'une fée... Les extras-conjuguaux sont mis en évidence ; l'innocence de la jeunesse, la folie d'une éducation qui peut repenser jusqu'aux plus intimes rapports affectifs ; cette terrible vérité de ce que la gamine arrive presque à sourire de sa situation, jusqu'à aguicher Cruise. Le couple dans son antre est le puit des emmerdements les plus stupides, des jeux les plus infames, tandis qu'à l'extérieur se trament les facilités, les ouvertures les plus déconcertantes (la femme qui se donne sur le lit de mort paternel...). Les lobbis sectaires, la pédophilie, la crise identitaire du couple, autant de sujets bien de notre temps que le réalisateur a disposé savamment dans ce dernier opus, comme on lègue un cure-dent..
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